Références:
``The quantum group structure of 2-D gravity and minimal models I'', Commun. Math. Phys. 130 (1990) 257;
``Solving the strongly coupled 2D gravity: 1. Unitary truncation and quantum group structure'', Commun. in Math. Phys. 138 (1991) 301;
La notion de groupe quantique est venue de l'étude des théories conformes
et des théories complètement intégrables bidimensionnelles.
En particulier Neveu et moi-même avons écrit une
algèbre d'échange associée à la
déformation dite quantique de (notée
) déjà en 1983 comme indiqué page
.
Nos formules n'avaient pas la forme de celles qui ont été écrites par
la suite (en particulier par Drinfeld) et qui sont maintenant bien connues,
car elles utilisent une base
différente d'opérateurs. Cela a été d'abord montré par
Babelon pour
le multiplet de spin
qui est le plus simple.
En général, il apparaît que le concept de groupe quantique
est tout à fait fondamental dans le problème; il permet
de surmonter bien des difficultés sur
lesquelles Neveu et moi-même avions buté
antérieurement. C'est pourquoi j'ai poursuivi un programme
d'étude systématique pendant plusieurs années avec l'aide d'un groupe de
chercheurs. La pierre d'achoppement de mes recherches avec Neveu était
que nous avions besoin, pour poursuivre,
de formules générales valables pour
n'importe quel opérateur de la famille conforme, alors que nous n'étions
capables, à l'époque, que de traiter les opérateurs les plus simples.
Nos formules, prises telles quelles, semblaient trop compliquées
pour être généralisées. Le besoin de formules générales
se faisait impérieusement sentir pour deux raisons. D'une part,
la définition
de puissances
de la métrique 2D
demande que l'on continue en principe19les formules pour des nombres
d'opérateurs d'écran,
c'est à dire, par exemple, pour des
``nombres négatifs'' de variables d'intégration
dans les représentations intégrales (spins négatifs pour le groupe
quantique). D'autre part, l'existence des valeurs spéciales pour le
couplage fort ne peut être complètement établie que si l'on peut traiter
le cas général. Tous ces problèmes sont maintenant en partie résolus,
comme nous allons le voir.
Ce qui rend l'aspect groupe quantique très intéressant est que,
pour la théorie de Liouville, le paramètre
mathématique de la déformation du groupe est trouvé
proportionnel
à la constante de Planck. Ceci veut dire que la non-commutativité
qui est induite par la déformation mathématique coïncide
avec la non-commutativité due aux éffets quantiques.
D'après les travaux de Manin, il existe une action naturelle
du groupe quantique considéré dans un plan quantique dont les
coordonnées ne commutent pas. Physiquement, il est très naturel qu'une
telle structure apparaisse en gravité puisque la quantification
du tenseur métrique de la théorie d'Einstein revient effectivement
à quantifier l'espace-temps. Ainsi le groupe quantique devrait
ouvrir la voie à la compréhension ultime du problème
en terme de géométrie
non commutative.
Dans ces articles, j'ai établi en toute généralité
l'existence d'une famille d'opérateurs dont l'algèbre de tresse est
donnée par la matrice R universelle, et étudié leur fusion à
l'ordre dominant. Les idées de base sont les suivantes.
Dans mes travaux avec A. Neveu, il nous semblait naturel de diagonaliser
la matrice de monodromie de l'équation différentielle
(correspondant aux identités de Ward associées au tenseur
énergie-implusion
dans le langage de BPZ) rappelée au paragraphe B3.3.
Les opérateurs holomorphes obtenus (désignés par la lettre ),
sont précisément équivalents
à ceux introduits par Moore et Seiberg dans leur schéma général.
Cependant,
dans cette base d'opérateurs,
les coefficients de la matrice R correspondante
ne sont pas des c-nombres.
C'est pourquoi les relations de Yang-Baxter associées
prennent une forme différente de celle du groupe quantique.
La connexion s'établit par un changement de base introduisant des
opérateurs holomorphes (notés
)
tels que la nouvelle
matrice R devient une matrice de nombres
purs. Elle coïncide alors avec la matrice R universelle de
. Ceci généralise la transformation introduite par
Babelon pour le cas particulier
et montre comment faire agir le
groupe quantique de façon à laisser invariante l'algèbre d'opérateurs.